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En mai 1920, quelques temps avant l’arrivée des troupes soviétiques en Arménie, Serge Güleimanian décida de quitter Stepanakert, capitale de la province du Haut-Karabagh, dans laquelle sa famille habitait depuis huit générations. Il vendit sa maison de deux étages et le commerce de tissus créé par son grand père au rez-de-chaussée à son voisin, acheta un mulet au boulanger et une carriole au maréchal ferrant. Il chargea son épouse Natalia de rassembler leurs affaires, les déposa un à un dans le berceau de la carriole, puis installa ses huit enfants dans les rares espaces restants. Une fois tout ceci fait, il prit la route d’Istanbul.
Reprenant à son compte la grande phrase de l’époque : Mieux vaut mort que rouge, il en était arrivé à préférer la haine sanguinaire des turcs contre son peuple, à l’athéisme forcené des soviets.
A son épouse qui se plaignait de cet exil dangereux il expliqua :
« Les Turcs veulent notre mort mais on n’a jamais vu un peuple en exterminer un autre. Les rouges par contre, c’est pire, ils veulent tuer Dieu. Et ça c’est très possible car il suffit d’interdire de prier pour le faire mourir. Moi j’aime Dieu ! Alors je préfère risquer ma mort que la sienne »
Après deux mois de marches, la mort de trois de ses enfants et la perte de pratiquement tous ses biens, il arriva enfin sur le Bosphore avec comme seul viatique 847 livres turques, une casserole et un réchaud à huile. Il installa sa petite famille sur l’arrière de la place du marché Gülnur, et se précipita au commissariat le plus proche. Grace à ses 847 livres il put corrompre l’officier de police en charge de la délivrance des papiers d’identité et obtenir un beau livret de famille au nom de Serge Gül.
Ainsi amputé d’une terminaison qu’il jugeait un peu trop arménienne pour assurer la sécurité des siens au cœur de ce qui restait de l’empire Ottoman, Serge put enfin réfléchir à l’avenir.
« Que va-t-on faire sans argent ? lui demanda Natalia. Veux-tu donc que tes enfants meurent de faim ? »
« Cesse de penser à ton estomac femme. Avec du pain je vous aurai offert un repas. Avec ce nouveau nom, je vous offre la paix pour toujours »
Avec son mulet et sa carriole il devint livreur. Un mois plus tard ses enfants devenaient cireurs de chaussures ambulants.
Deux mois plus tard il était poignardé à mort par un cireur de chaussure qui lui reprochait de lui voler son pain et qui fut acquitté par un jury populaire au motif qu’il haïssait les arméniens.
Natalia enterra son marin suivant le rite orthodoxe puis, à peine le cercueil en terre, quitta Istanbul pour rejoindre Ankara où, pensait-elle, la vie était moins dure car il y avait moins de mosquée.
Sa famille y vécut misérablement mais à l’abri des persécutions, et en 1987, Ara Gül, petit fils de Serge Güleimanian, s’embarqua pour l’Allemagne en qualité de cariste.
En 1992, Ara rencontrait Dieta Palo, fille d’Ivan Palo et d’Ivanovna Bouliakov, qu’il épousa le 8 mars 1993.
Le 24 décembre 2000, par insémination artificielle, naissait leur fils unique Manfred-Soliman.
Son père ne l’appela jamais autrement que Soliman, tandis que sa mère optait pour un délicat Manfry. A l’école, ses camarades l’appelaient le Turc-Gül tandis que l’ensemble de la communauté turque du quartier où il habitait, lui crachait au visage en l’appelant l’arménien.
De sa mère il avait hérité le teint pale, la blondeur des cheveux et l’azur du regard. De son père le silence.
Solitaire par dépit et renfermé par nature, Gül trouva dans les jeux vidéo une vie à vivre plus agréable que celle que lui offrait le monde physique. Il joua longuement puis, déçu par les frontières liées à l’environnement et aux faibles choix d’évolution psychologique des personnages, se lança dans le codage et la conception. A 17 ans, Buzz Crisis, qu’il avait développé suivant la charte de l’Experimental Gameplay (Un thème, un créateur, moins de sept jours de développement) fut acheté et commercialisé par la Diablo Corporation en Allemagne, et connu un petit succès (96 000 ventes).
Le jour de ses dix huit ans, il signait un contrat de Godgamer junior à la Diablo de Berlin pour 76 000 euros par an.
Ses parents l’accompagnèrent à l’aéroport où il leur dit au revoir.
Il ne les revit jamais. Ils ne lui manquèrent jamais.
Reprenant à son compte la grande phrase de l’époque : Mieux vaut mort que rouge, il en était arrivé à préférer la haine sanguinaire des turcs contre son peuple, à l’athéisme forcené des soviets.
A son épouse qui se plaignait de cet exil dangereux il expliqua :
« Les Turcs veulent notre mort mais on n’a jamais vu un peuple en exterminer un autre. Les rouges par contre, c’est pire, ils veulent tuer Dieu. Et ça c’est très possible car il suffit d’interdire de prier pour le faire mourir. Moi j’aime Dieu ! Alors je préfère risquer ma mort que la sienne »
Après deux mois de marches, la mort de trois de ses enfants et la perte de pratiquement tous ses biens, il arriva enfin sur le Bosphore avec comme seul viatique 847 livres turques, une casserole et un réchaud à huile. Il installa sa petite famille sur l’arrière de la place du marché Gülnur, et se précipita au commissariat le plus proche. Grace à ses 847 livres il put corrompre l’officier de police en charge de la délivrance des papiers d’identité et obtenir un beau livret de famille au nom de Serge Gül.
Ainsi amputé d’une terminaison qu’il jugeait un peu trop arménienne pour assurer la sécurité des siens au cœur de ce qui restait de l’empire Ottoman, Serge put enfin réfléchir à l’avenir.
« Que va-t-on faire sans argent ? lui demanda Natalia. Veux-tu donc que tes enfants meurent de faim ? »
« Cesse de penser à ton estomac femme. Avec du pain je vous aurai offert un repas. Avec ce nouveau nom, je vous offre la paix pour toujours »
Avec son mulet et sa carriole il devint livreur. Un mois plus tard ses enfants devenaient cireurs de chaussures ambulants.
Deux mois plus tard il était poignardé à mort par un cireur de chaussure qui lui reprochait de lui voler son pain et qui fut acquitté par un jury populaire au motif qu’il haïssait les arméniens.
Natalia enterra son marin suivant le rite orthodoxe puis, à peine le cercueil en terre, quitta Istanbul pour rejoindre Ankara où, pensait-elle, la vie était moins dure car il y avait moins de mosquée.
Sa famille y vécut misérablement mais à l’abri des persécutions, et en 1987, Ara Gül, petit fils de Serge Güleimanian, s’embarqua pour l’Allemagne en qualité de cariste.
En 1992, Ara rencontrait Dieta Palo, fille d’Ivan Palo et d’Ivanovna Bouliakov, qu’il épousa le 8 mars 1993.
Le 24 décembre 2000, par insémination artificielle, naissait leur fils unique Manfred-Soliman.
Son père ne l’appela jamais autrement que Soliman, tandis que sa mère optait pour un délicat Manfry. A l’école, ses camarades l’appelaient le Turc-Gül tandis que l’ensemble de la communauté turque du quartier où il habitait, lui crachait au visage en l’appelant l’arménien.
De sa mère il avait hérité le teint pale, la blondeur des cheveux et l’azur du regard. De son père le silence.
Solitaire par dépit et renfermé par nature, Gül trouva dans les jeux vidéo une vie à vivre plus agréable que celle que lui offrait le monde physique. Il joua longuement puis, déçu par les frontières liées à l’environnement et aux faibles choix d’évolution psychologique des personnages, se lança dans le codage et la conception. A 17 ans, Buzz Crisis, qu’il avait développé suivant la charte de l’Experimental Gameplay (Un thème, un créateur, moins de sept jours de développement) fut acheté et commercialisé par la Diablo Corporation en Allemagne, et connu un petit succès (96 000 ventes).
Le jour de ses dix huit ans, il signait un contrat de Godgamer junior à la Diablo de Berlin pour 76 000 euros par an.
Ses parents l’accompagnèrent à l’aéroport où il leur dit au revoir.
Il ne les revit jamais. Ils ne lui manquèrent jamais.